Noé & Amanaket, 2ème partie

Noé & Amanaket

Voilà voilà la suite de Noé et Amanaket!

Pour la première partie, c'est ici, et voilà la suite de ce texte. N'ayant aucun retour, je coupe où je veux, mais je vais tenter de garder une longueur à peu près constante. 
Je répète que je ne suis pas entièrement satisfaite du résultat, mais que, travaillant sur un autre texte et étant atteinte d'une grande flemme, je ne l'ai pas entièrement revu (pas beaucoup, en réalité, mais bon)

Petite précision: les passages de journal content le point de vue d'Amanaket, ils sont notamment visibles par une écriture différente.
Ceci étant dit, bonne lecture!

Le 40è jour avant le Changement.

Je suis tombé de la Cité volante. J’étais sur le pont extérieur quand j’ai glissé sur une plaque de glace. Quel imbécile ! Comme si je ne savais pas que le sol était dangereux par là-bas. Je suis tombé dans la neige près de la Ville de Pa’ri (ils mettent une majuscule quand ils nomment leur lieu d’habitation). Je savais que le monde d’en bas était habité, mais je ne m’attendais pas à atterrir près d’une de leur ville. Quelques secondes après ma chute (en tout cas, il me semble), un drôle de bonhomme est venu me voir. Il ressemblait à un lutin, avec ses cheveux marron, ses yeux couleur châtaigne et son visage triangulaire aux joues rougies. Il m’a dit s’appeler Noé et il m’a conduit ici. Ici, c’est la Ville. Enfermée dans une grande sphère rouge qui s’enfonce aussi bien dans l’air que dans la terre, elle est entièrement construite dans ce drôle de matériau coloré mais légèrement translucide que son enveloppe. Tout de suite après notre arrivé, Noé m’a abandonné et c’est un vieil homme qui m’a prit en charge. Il m’a posé des questions sur tout. Et il m’a regardé. Noé aussi m’a regardé. Tous ici m’ont regardé. Je n’aime pas leur façon de regarder. Comme s’ils essayaient de lire dans les autres. C’est vraiment bizarre.

En plus, leur voix, leur façon de parler est étrange. Peut-être un accent, je ne sais pas. Mais ça me chiffonne.

Mais le plus étonnant, c’est que je n’ai vu aucune femme ni même aucune trace de femmes dans cette ville. Comme si seuls de hommes vivaient sous cette coupole sanglante…

Le lendemain, Noé retrouva Amanaket dans le réfectoire de la Ville. Cette grande pièce, située au centre comme toutes les pièces communes aux habitants, était plutôt une esplanade recouverte de tables. Le Surveillant guida Noé par l’épaule jusqu’à l’étranger et l’abandonna ici en lui jetant un regard très clair : c’est lui qui l’a amené, à lui de s’en débrouiller.

Noé lui sourit. Amanaket lui sembla plus jeune que la veille, débarrassé de son manteau noir épais et de son écharpe noire. Ils s’installèrent sur une petite table, un peu à l’écart.

-                Vous avez bien dormi, Amanaket ?

-                Rho ! tutoie-moi !

-                C’est-à-dire ?

-                Tu dis « tu » au lieu de vous ! « As-tu bien dormi ? »

La voix d’Amanaket vibrait d’une manière inconnue pour Noé. Elle se gonflait, enflait sur certain mots et baissait sur d’autres. Elle respirait. Elle portait quelque chose en plus que toute celles d’ici, comme un message supplémentaire, qui passait en lui et s’accrochait sur le bord de son cœur.

-                As-tu bien dormi ? répéta Noé, gêné.

On ne parlait pas comme ça, ici. Quand il avait parlé, il avait tenté de reproduire les intonations d’Amanaket, sans succès. Il se trouvait ridicule à essayer d’hausser la voix. En face de lui, Amanaket eut un regard fatigué. Non, ce n’est pas ça, tu t’es trompé, lut Noé, sans en être certain. Les yeux d’Amanaket ne parlaient pas comme les autres et gardaient par le même biais son langage.

-                Ouais, ça va. Et toi ?

-                Je suis reposé, maintenant.

-                Dis-moi, Noé… n’y a-t-il que des hommes dans cette Ville ? je veux dire… où sont les femmes ?

-                De quoi parlez-vous ?

-                « Parles-tu » ! comment ça ? je te demande où sont les femmes ? où est ta mère ? où sont leurs filles ? où sont leurs compagnes ?

Il fit un grand geste englobant tout la salle. Sa voix reprenait ces intonations particulières, nouvelles et surprenantes mais douces de l’avis de Noé. Personne ne bougea, l’ignorant malgré le fait qu’il venait pratiquement de crier.

-                Je ne comprends pas…

Ce n’est pas possible. Il est vraiment idiot ou quoi ? Ce qu’il lut chez Amanaket toucha Noé. Un sentiment de honte de son ignorance envahit pour la première fois son cœur.

-                Comment es-tu né ?

-                Dans la Naisseuse, le bâtiment là-bas, comme tout le monde.

-                Et qui t’a élevé ?

-                Les Surveillants et les Guides.

-                Tu ne sais pas ce qu’est une femme ? s’étonna cette fois plus gentiment Amanaket.

-                Non… c’est quoi ?

-                C’est quelqu’un… tu sais que chez les animaux, pour se reproduire, il faut une femelle et un mâle ou pas ? oui ? alors l’humain, c’est un terme pour désigner les hommes et les « femelles » en même temps, aussi, il a besoin d’un mâle et d’une femelle.

-                Oui… mais nous… nous n’en avons pas besoin. Nous sommes plus évolués que les autres animaux !

-                Arrête ton char ! l’homme est un animal, Noé !

La colère perçait dans sa voix devant le refus du jeune homme, qui répondit de sa voix monotone :

-                Non…

Le 35ème jour avant le Changement

        

D’après ce que j’ai compris, dans cette Ville, il n’y a que des hommes. Personne n’a déjà vu une femme et personne ne pense qu’elles existent ! Même Noé refuse de me croire. Pour eux, ils sont « nés » dans un bâtiment hermétique, puis ils sont placés dans une Section, une sorte de « classe » d’orphelinats où il y a tous les enfants « nés » pendant l’année. Ces enfants sont surveillés par un Surveillant, un homme responsable d’eux ainsi que par des Guides. Les Guides sont quelques personnes qui ont l’air d’en savoir plus que les autres et qui s’occupent de l’éducation des jeunes. Ce sont aussi les Guides qui travaillent dans la Naisseuse. Si ce n’est pas louche tout ça.

Et puis, il semble que tous ne soient pas ravis du Changement. Tous attendent l’été, l’après-Changement. Mais le Changement, non. Apparemment, durant ces 50 jours, il y aurait des conflits importants entre les Villes. Ce qui sous-entend qu’il y a plusieurs Villes, déjà. Et qu’il y a des relations tendues entre elles. Il est vrai que dans les Cités, on ignore beaucoup de choses d’en bas, mais on n’imaginait pas cette complexité et ces possibilités…

Et dire que je suis (littéralement) tombé dedans alors que tous rêvent d’aller l’explorer d’un peu plus près… je dirais bien que je cède volontiers ma place, mais c’est faux. Je suis curieux d’apprendre sur ce monde. Et puis, j’aimerai ouvrir les yeux de Noé.

Noé, c’est vraiment un drôle de gamin. Il a 17 ans, soit pratiquement mon âge, sauf qu’il a l’air totalement enfantin sous sa tête de lutin et sa boucle d’oreille. D’ailleurs, celle-ci est un point assez étrange. Il est le seul de la Ville à en avoir une. C’est une sorte de petite plume. Je pense qu’il n’est pas si conforme et naïf qu’il en a l’air, mais qu’il se conforme à la fois volontairement et involontairement au modèle.

Ha oui, c’est aussi le seul qui ne souhaite pas la fin de l’hiver.  

Enfin bref…

Je vais partir en vacances, donc, si jamais il y a des lecteurs, je vais essayer de programmer la suite du texte pour le mois d'août!
Bisous à vous
Ange Lune